On pourrait dire : « dans le châtaignier, tout est bon », en effet des feuilles aux racines, pendant des siècles, tout fut exploité. La feuille séchée servait de litière et à envelopper les fromages, les petits rameaux souples se fendant facilement furent utilisés en vannerie ; les branches furent taillées en piquets, en perches, en outils en tout genre, en cerclage de tonneaux, dans la menuiserie et marqueterie elles devinrent parquet et huisserie ; le tronc fut transformé en charpente, en coque de bateau ; les bogues qui recouvrent le fruit partirent au compost pour enrichir les terres ; la châtaigne fut consommé en alimentation. Quant aux racines, connaissant la sagesse de nos braves paysans, elles furent surement séchées et brulées dans la cheminée.
La Châtaigne … Ce fruit fut d’une importance cruciale durant des siècles, nourrissant des générations de paysans et gens de la terre. Poussant dans les régions pauvres, là où les autres cultures étaient trop rares elle servit de base alimentaire. Bien que pauvre en lipide et protide et exempte de gluten la châtaigne est riche en amidon (sucre), vitamines B et C et en sels minéraux, elle est donc nourrissante. Il suffisait de l’accompagner d’un peu de viande, de lard ou de laitage pour constituer un repas complet et réparateur. Elle permit souvent d’éviter des famines. La récolte s’effectuant à l’automne, les paysans apprirent à soit sécher soit blanchir et sécher, selon les régions, la châtaigne afin de pouvoir la conserver pendant les longs mois d’hiver et même plus d’une année.
Etant un élément de base de la nourriture, la châtaigne fut accommodée au cours des siècles de toutes sortes de façon : en soupe, grillée, bouillie, en farce, en purée, en farine pour le pain et la pâtisserie, en boisson (liqueurs, sirops et bières), en confiture, au sirop… L’esprit créatif a rejoint la nécessité alimentaire. Au Moyen-âge elle farcit le porcelet, elle accompagne le veau dans sa terrine, épaissit le bouillon de la poule. Aujourd’hui elle se retrouve, le plus couramment grillée vendue au coin des rues « Chauds les marrons, chauds ! », mais aussi en soupe à la châtaigne ou soupe de poule à la châtaigne; en canard ou dinde farcis aux marrons ; en boudin, pâtés et autres caillettes à la châtaigne; en bûche de marrons, en gâteaux et biscuits à la farine de châtaigne, en crème consommée telle quelle ou accompagnant une glace, fourrant un gâteau roulé, ou parfumé au Cointreau et surmonté de chantilly. Dans les régions où la castanéïculture perdure, chaque famille à ses recettes à la châtaigne.
Qui dit châtaigne dit également miel de châtaignier, ce beau miel brun au goût prononcé qui ne laisse pas indifférent. Ce miel eut un rôle important à travers les âges puisque pendant longtemps il remplaça dans la cuisine le sucre trop cher et qu’il eut des usages thérapeutiques nombreux, entre autre pour la circulation sanguine.